• Trafic actuel

En juin 2024, 71 070 véhicules/jour dont 15% de poids-lourds sont recensés sur la RN113 en franchissement du Rhône.

Le flux du trafic présente une forte variabilité horaire et saisonnière
Les congestions sont principalement causées par les véhicules légers, dont environ 60% sont issus du trafic local.

Lors de la concertation publique de 2020, les chiffres de trafic de 2018 évoquaient un trafic global de 75 800 veh/jour dont 9% de PL. On constate une diminution des déplacements en véhicules légers mais une augmentation du transport de marchandises.

  • Projection du report de flux vers le contournement autoroutier

Ce flux de transit représente aujourd’hui 40000 véhicules, soit « seulement » 58% du trafic global.

Le modèle qui a servi pour établir les perspectives de circulation prévoit une augmentation régulière du trafic, avec +0,4 % par an pour les poids lourds. Or entre les chiffres de 2018 et de 2024, on constate une diminution des déplacements en véhicules légers mais une augmentation du transport de marchandises. Il faut signaler que le développement commun du Grand Port Maritime de Marseille et des zones logistiques sur le territoire entraînera toujours un important flux de camions sur l’axe actuel.

Initialement annoncée gratuite, l’autoroute sera finalement payante ! Quatre portiques de péages sont prévus : à l’ouest au début du contournement, à l’échangeur rive droite (Trinquetaille), à l’échangeur de la RN568 (route de Fos) et à Saint-Martin-de-Crau. Ceci entraînera un phénomène de report de trafic sur certains réseaux secondaires déjà saturés ou mal adaptés, en particulier sur la D453 entre Pont-de-Crau et Saint-Martin-de-Crau.
A noter également un accroissement significatif du trafic sur la partie urbaine de la RD35, à proximité immédiate de plusieurs groupes scolaires.

Tout projet de contournement autoroutier est accompagné du traditionnel projet de requalification en boulevard urbain de l’ancien axe. Mis en avant par de beaux dessins et maquettes, ce projet fait miroiter la transformation d’un axe routier en coulée verte où il fait bon flâner avec ses enfants.
Mais selon les prévisions de la DREAL lors de la concertation publique de 2020, 29 600 véhicules dont 900 poids-lourds continueront à emprunter quotidiennement l’axe actuel, pour du trafic local. Devant un tel trafic résiduel, la ville d’Arles et la DREAL ont fait le choix de rendre peu accueillant à la circulation l’axe actuel afin de renvoyer sur la future autoroute une partie du trafic local.
Ce qui revient à remplacer une 2*2 voie gratuite congestionnée aux heures de pointe par une 2*2 voie payante congestionnée aux heures de pointe.

Cela n’étant pas dans les prérogatives de l’État, cette requalification reposera financièrement sur les collectivités locales. Nous sommes dès lors en droit de s’interroger sur la pertinence de l’objectif initial de l’amélioration du cadre de vie des Arlésien.ne.s.

L’État s’est engagé sur plusieurs accords internationaux concernant les réductions de la pollution de l’air et des gaz à effets de serre (GES). L’objectif national est de réduire les émissions de GES de 40% en 2030 par rapport aux émissions de 1990. Nous sommes actuellement très en retard sur cet objectif. Les oxydes d’azotes, principaux polluants atmosphériques et dont l’origine est pour 55% dus aux transports routiers, sont particulièrement visés. Ce projet va complètement à l’encontre des engagements de l’Etat en la matière.

Avec ce contournement, la pollution de l’air globale ne sera pas réduite. En 2028 les trafics cumulés du contournement et de l’axe actuel seront assez similaires à celui du trafic actuel. Déplacer une partie du trafic et de ses nuisances à seulement 2km plus au sud ne réduit pas le trafic global.

La dernière étude d’AtmoSud sur l’ensemble de la ville (voir ici) mesurant notamment le dioxyde d’azote (NO2), traceur principal de la pollution liée au trafic routier, date de 2019. Cette étude conclue que « les concentrations les plus importantes ont été observées au niveau du centre-ville d’Arles et non pas en proximité de la N113 ».
Le boulevard Gambetta, le boulevard Emile Combes, l’avenue Leclerc ou encore le rond-point de Pont-de-Crau présentent des concentrations plus élevées qu’aux abords de la RN113. Pour réduire la pollution en ville, il est nécessaire de promouvoir une réelle politique de mobilité locale qui favorise les transports collectifs et les mobilités douce.

Si les prévisions prévoient des améliorations à proximité immédiate vers le Vittier et Saint-Genest, d’autres secteurs seront plus exposés aux pollutions comme Raphèle, Balarin ou Saint-Martin-de-Crau, sans oublier les futurs riverains ruraux du contournement.

Il est à noté que les transports routiers sont responsables de 51% des émissions de NOX sur le territoire de l’agglomération arlésienne (source AtmoSud).

Comment s’imaginer que la construction d’une autoroute aux portes de la Camargue et de la Crau ne fera pas d’énormes dégâts sur la biodiversité ? Sur un territoire surnommé le « triangle d’or de la biodiversité », le tracé retenu passe à quelques centaines de mètres à peine du Parc Naturel Régional de Camargue.
Trois sites Natura 2000 seront traversés par le projet (Camargue, Rhône Aval et Crau). D’autres dispositifs de protection ou label environnementaux, ZNIEFF, ZICO, Réserve de Biosphère, sont traversés par la bande d’enquête publique, ZNIEFF, ZICO, Réserve de Biosphère, qualifiant des secteurs de grand intérêt écologiques nationaux. Ce contournement coupera de nombreux corridors écologiques, connexions indispensables pour la faune, reliant entre eux différents habitats vitaux pour les espèces.

Sur le tracé, sont recensés :
🦩 Plus de 140 espèces d’oiseaux
🐸 11 espèces d’amphibiens
🦎 12 espèces de reptiles
🦫 41 espèces de mammifères
🦇 dont 21 espèces de chauves-souris
🌿 plus de 450 espèces de plantes

Plus de 160 espèces protégées recensées sur le tracé !

Enfin quels impacts sur les laurons, ces puits naturels d’où jaillit l’eau de la nappe souterraine et qui en font des milieux quasi unique en Méditerranée ? De nombreux laurons recensés seront directement touchés par ce projet.

Plus de 150 hectares de terres agricoles diversifiées vont être détruites par ce projet : céréales, maraîchage, arboriculture, élevage extensif, prairies, vigne, apiculture,… dont 36% en culture biologique, bien plus que la moyenne nationale (10%). Là aussi des labels accompagnent certaines cultures : IGP riz de Camargue, AOP Taureaux de Camargue, IGP viticole Bouches du Rhône – Terre de Camargue et AOP pour le foin de Crau, seul aliment pour animaux à obtenir un tel label de qualité. Cette diversité de culture participe à la résilience alimentaire du territoire.
41 exploitations agricoles sont touchées par le projet. Le total des emplois directs des exploitations concernées représente 206 équivalents temps plein, soit 9% des emplois agricoles sur les deux communes d’Arles et Saint Martin de Crau..
Sans avoir questionné tous les responsables de ces entreprises agricoles, la DREAL estime que le projet remet en cause à minima la survie de 6 d’entre elles. Pour un projet sensé favoriser l’économie locale c’est un comble !

En Crau humide ces cultures sont notamment rendues possible par un vaste réseau hydraulique qui alimente parcelle par parcelle les différentes prairies. Compte tenu de la complexité des canaux et de la nécessité d’entretien des ouvrages ce projet va dégrader un système agricole extrêmement fragile et bâtit au fil des siècles.
La nappe phréatique de Crau est intimement liée aux pratiques agricoles car alimentée à 70% par les canaux d’irrigation des prairies de Crau. D’Arles à Istres, près de 270 000 personnes sont alimentées en eau potable via cette nappe phréatique. Alors que l’eau est déjà un enjeu majeur sur le territoire, faire peser une menace supplémentaire sur cette nappe est un non sens.

De nombreuses entités paysagères seront traversées par cette autoroute : haute Camargue, bocages périurbains de Gimeaux, Grand Rhône, Petit Plan du Bourg, Grand Plan du Bourg, terres agricoles de la Draille marseillaise, Crau des marais et des étangs, et enfin Coussouls de Crau. Ce dernier étant un milieu unique et non compensable.
Une partie du tracé, vers la Draille marseillaise, sera sur un remblai allant jusqu’à 12m de hauteur, dans un environnement plat et au milieu des mas classés. De nombreuses habitations seront rasées et leurs occupants expropriés, que ce soit vers Gimeaux, le Plan-du-Bourg ou la Draille marseillaise, bouleversant ainsi de nombreuses vies.

Pour rappel, parmi les sept variantes initiales du projet, la seule qualifiée de très bonne pour le cadre de vie était la solution sous-fluviale longue, laquelle répondait favorablement à toutes les fonctions et objectifs sauf le coût, ce qui lui a valu d’être balayée d’un revers de main. Les questions environnementales et de pollutions n’ont pas la chance d’être réglée à coup de « quoi qu’il en coûte ».

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