« Mais qu’est-ce que vous proposez ? » Cette question souvent lancée à la tête des opposants sous-entend deux idées fausses. D’abord qu’il faut absolument proposer quelque chose et ensuite, que des opposants à un projet sont incapables d’envisager des alternatives originales et pertinentes.
Ce projet d’autoroute est l’incarnation d’un modèle du tout routier devenu obsolète . Pour nous, la clé est « le report modal », c’est à dire le transfert d’une partie des flux d’un mode de transport vers un autre, et des alternatives en ce sens sont concrètement proposées par le collectif.
Depuis une trentaine d’année que ce projet autoroutier est évoqué, aucun aménagement n’a été effectué sur le tracé de l’actuelle RN113, sous prétexte qu’un jour l’autoroute se ferait. Mais durant ces années, le trafic a augmenté, notamment celui des poids-lourds et les nuisances se sont accrues. Nous ne le nions pas.
Notre première envie est de prôner un aménagement de la RN113, plus soutenable à tous les niveaux (financier, écologique, intérêt public), qu’une autoroute payante presque collée à la 2*2 voies existante.
👉 Réaménageons le grand carrefour du Vittier
L’échangeur Arles-ouest et le rond-point du Vittier sont un secteur générateur de congestion. Le trafic est-ouest est perturbé par le trafic sud-nord, en particulier lors des week-ends de printemps et l’été, à cause d’un important trafic remontant des Saintes-Maries-de-la-Mer. Un aménagement de ce rond-point doit être pensé, étudié et mis en oeuvre. Dans des cas similaires, une voie enjambant le rond-point est souvent une solution pour qu’un des axes ne rencontre pas directement l’autre. Une voie sud-nord directe permettrait de fluidifier le trafic.
Il est nécessaire de penser ce réaménagement en englobant le rond-point des Papèteries et la portion entre ces deux infrastructures.

👉 Mettons enfin des murs anti-bruits !
Depuis 2012, les Bouches-du-Rhône bénéficient d’un Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement (PPBE). Dans le cadre de la politique de résorption des points noirs de bruit, la priorité est donnée aux actions à la source (écrans acoustiques, modération du trafic, …) et en complément des isolations de façade. Par exemple, à Martigues des murs anti-bruits ont été installés sur l’A55 traversant la ville. Les derniers en date, en 2024, ont permis de rajouter 500m d’écran acoustique pour un coût de 1,6M€.
La traversée d’Arles fait environ 3,5km, pour équiper les deux sens de circulation nous vous laissons faire ce calcul très simple.
On est en droit de se demander pourquoi rien n’a été fait jusque là…

👉 Régulation dynamique de la vitesse
La régulation dynamique des vitesses s’applique aux axes à 2×2 voies ou plus à caractéristiques autoroutières ainsi qu’aux voies structurantes d’agglomération. Cette mesure permet de prévenir ou limiter des problèmes récurrents ou prévisibles de congestion (saturation quotidienne en section courante ou à
l’occasion de mouvements saisonniers). La régulation dynamique des vitesses consiste à donner aux conducteurs des consignes variables de vitesse
à respecter (vitesse maximale autorisée), adaptées aux conditions de circulation sur une section du réseau et ainsi baisser les écarts de vitesse entre les véhicules. Cette mesure a été mise en place sur de nombreux axes en France et montre des signes positifs sur la gestion du trafic.
👉 Fermons de la voie d’insertion de la Roquette
Nous le savons tous, la voie d’insertion de la Roquette en direction de Nîmes est trop courte et donc génératrice de situations dangereuses ou de congestions. Son environnement direct ne permettant pas de revoir cette voie, il est nécessaire de la fermer.
Cette mesure doit s’accompagner d’un schéma de transport collectif ou doux davantage développé entre le centre-ville et le quartier de Trinquetaille.
👉 Créons une passerelle de mobilité douce aux « Lions »
Un vieux rêve pour de nombreux arlésiens, refaire un pont entre la gare et Trinquetaille au niveau de l’ancien pont aux lions détruit en 1944. Cet ancien pont ferroviaire était suivi de voies ferrées traversant Trinquetaille. Mais qu’attendons-nous pour les transformer en voies cyclables et construire une passerelle à mobilité douce enjambant le Rhône ? Cela relierai ce quartier aux quartiers est de la ville sans devoir faire un grand détour en voiture.
Prenons un exemple pas très loin d’ici, au nord d’Avignon vers Sorgues. Une passerelle à mobilité douce y a été mise en service en 2023. Le coût ? Seulement 4,17M€ pour la seule passerelle de 200m de long.

👉 Connectons le Plan-du-Bourg et Barriol à Fourchon
De nombreux véhicules venant de Barriol, du Plan-du-Bourg ou de la RD35 empruntent la RN113 au niveau du centre-ville pour ressortir à Fourchon ou à Pont-de-Crau. Un barreau de liaison entre ces deux secteurs de la ville doit être mis en oeuvre pour délester la RN113 de ce flux local.
Ce barreau doit s’accompagner d’une interdiction aux poids-lourds sur la RD35 depuis Mas-Thibert afin de ne pas encourager le passage des PL venant de Port-Saint-Louis-du-Rhône.
👉Promouvons un vrai schéma de mobilité
Il est temps de développer enfin sur Arles et son agglomération un réel schéma de mobilité qui puisse permettre de réduire efficacement les déplacements courts. Près de 50% des déplacements domicile-travail dans le Pays d’Arles font moins de 5km et pourtant la voiture prédomine.
Pour notre collectif, un travail sur les politiques publiques et l’instauration d’une véritable politique de mobilité douce font partie des solutions et suffiraient à diminuer cette tranche significative. La création de nouvelles lignes de bus, un maillage de voies cyclables sécurisées du quotidien (et pas uniquement de loisirs), la construction de parkings relais aux entrées de ville reliés à une vraie offre de transport en commun, l’installation d’équipements destinés au vélos… Dans toutes les villes où des infrastructures cyclables sécurisées et cohérentes existent, elles sont très vite utilisées.

De plus, dans un territoire à dominance rurale, où les distances entre les communes sont parfois grandes, il est temps de travailler sur les transports en commun entre ces communes. Alors que de nombreux arlésiens travaillent sur des communes voisines, en particulier St-Martin-de-Crau, Port-St-Louis-du-Rhône ou Fos-sur-Mer, on ne peut que regretter la faiblesse voire l’absence de bus, en particulier entre Arles et la zone industriel-portuaire.
Le Pays d’Arles est également tourné vers l’autre rive du Rhône, vers les premières communes gardoises, avec de nombreux échanges et déplacements domicile-travail. Les frontières administratives ne doivent plus être des frontières de réflexion ni d’action. L’agglomération d’Arles doit se rapprocher de la communauté de communes de Beaucaire Terre d’Argence pour développer ensemble un schéma de mobilité et des transports en commun…communs !
👉 Evidemment, favorisons le fret ferroviaire !
C’est indiqué dans le dossier du porteur de projet, l’objectif 1 du contournement autoroutier est de « contribuer à un réseau de transport national et international fiable (…) au bénéfice de la connectivité multimodale des pôles économiques régionaux ». Le principal pole économique local c’est la zone industrialo-portuaire de Fos / Port-Saint-Louis-du-Rhône, plus communément appelle le Grand port maritime de Marseille.
Aux terminaux de marchandises de Fos, plus d’1 million de conteneur sont traités chaque année. La part modale du ferroviaire ne représente que 17% ! Alors que les infrastructures ferroviaire au niveau du port existent.
Nombre de ces conteneurs sont acheminés en camion à St-Martin-de-Crau, 3e pôle logistique français, puis seront dispatchés dans toute la France, en camion. Cette immense zone logistique ne possède pas d’installations permettant de la relier à la voie ferrée, qui passe pourtant au milieu des entrepôts !
À une vingtaine de kilomètres, à Miramas, la zone logistique de CléSud a récemment été équipée d’une plateforme de transport combiné rail-route permettant de transférer les conteneur sur rail. Pour un coût de 28M€ !
Qu’attendons-nous pour faire de même à St-Martin et nous éviter des milliers de poids-lourds sur la RN113 ?

Cette démarche de proposition d’alternatives doit continuer à se développer avec d’autres associations et les habitants du territoire. Et si, au lieu de se contenter de répondre à une enquête publique ou subir les choix de l’État pour leur territoire, les habitants étaient force de proposition ? Et si on changeait radicalement l’angle de la commande de l’État ?
Au lieu de penser une liaison autoroutière Espagne-Italie, une 2*2 voies payante en remplacement d’une 2*2 voies gratuite, un simple trait entre deux destinations à parcourir au plus vite, ayons une vision d’ensemble du territoire traversé afin que le projet puisse s’y inclure.
Il faut repenser le rapport entre villes et campagnes en luttant contre la métropolisation et la centralisation industrielle. Nous portons une vision différente de la société face à des décideurs qui ne sont pas à la hauteurs des enjeux climatiques. Nous pensons qu’il faut remettre en débat des choix de société qui sont ceux du siècle dernier : la route, le « tout bagnole », le travail centré uniquement dans les grandes villes, l’exode rural, etc.
Et poser les bonnes questions : comment occupe-t-on l’espace, comment se déplace-t-on au XXIe siècle ?
Ce qui devrait être évident pour des décideurs qui n’ont que le mot développement économique à la bouche pour justifier la nécessité d’une autoroute…
