Trafic actuel et perspectives

  • Trafic actuel

Actuellement 75 800 véhicules dont 7 000 camions traversent quotidiennement Arles. Les poids-lourds représentent 9% du trafic global au niveau d’Arles et 15% au niveau des péages.

Le flux du trafic présente une forte variabilité horaire et saisonnière
Les congestions sont principalement causées par les véhicules légers, dont 59% sont issus du trafic local.

  • Projection du report de flux vers le contournement autoroutier

Ce flux de transit représente aujourd’hui 40300 véhicules, soit « seulement » 53% du trafic global.

Le modèle qui a servi pour établir les perspectives de circulation prévoit une augmentation régulière du trafic, avec +0,4 % par an pour les poids lourds. Le constat établi sur l’augmentation du trafic des dix dernières années n’a aucune raison d’être reconduit pour les dix prochaines années. On commence à constater une diminution des déplacements en véhicules légers mais une augmentation constante du transport routier. Il faut signaler que le développement commun du Grand Port Maritime de Marseille et des zones logistiques sur le territoire entraînera toujours un important flux de camions sur l’axe actuel.

Conséquences sur trafic du réseau secondaire

Pour compenser la gratuité de l’autoroute entre Arles et Saint-Martin-de-Crau, il est prévu une augmentation du coût du péage aux barrières de péages. Celle-ci entraînera un phénomène de report de trafic sur certains réseaux secondaires déjà saturés ou mal adaptés, en particulier la RD6113 entre Fourques et Nîmes ou la RD572 entre Arles et Saint-Gilles. La suppression du demi-échangeur actuel au niveau de Raphèle entraînera également un report de trafic sur la RD453.

A noter également un accroissement significatif du trafic sur la partie urbaine de la RD35, à proximité immédiate de plusieurs groupes scolaires.

Requalification de la RN113

Selon les prévisions de la DREAL, 29 600 véhicules dont 900 poids-lourds continueront à emprunter quotidiennement l’axe actuel. Ces chiffres sont optimistes et dépendent de nombreux facteurs difficilement modélisables (développement de transports collectifs inter-cité, développement de mobilité vélo, accroissement des livraisons en ville,…). Cela fait rêver certains habitants et les élus à la tête de la mairie d’Arles : le contournement autoroutier permettrait une requalification en boulevard urbain de la RN113. Mais avec près de 30000 véhicules quotidiens peut-on requalifier la RN113 en boulevard urbain ?

Comment peut-on imaginer des voies dédiées aux bus ou aux vélos ?

  • Soit il est maintenu un axe en 2*2 voies plus fluide avec une vitesse réduite malgré un risque de congestionnement aux heures de pointes et sans changement notable sur la ville ;
  • Soit les décideurs locaux croient à ce projet de requalification urbaine et l’axe bascule en 2*1 voie plus des voies de bus et cyclables, avec une circulation totalement congestionnée, et un report sur certains axes du centre-ville comme le montre une étude de la DREAL en 2019, entraînant une hausse de la pollution en centre-ville.

Or si ce projet de requalification est conditionné par celui du contournement, l’inverse n’est pas vrai. Le projet présenté aujourd’hui par la DREAL ne prévoit aucun aménagement de la RN 113 au niveau d’Arles.

Cela n’étant pas dans les prérogatives de l’État, cette requalification reposera sur les collectivités locales. Nous sommes dès lors en droit de s’interroger sur la pertinence de l’objectif initial de l’amélioration du cadre de vie des Arlésien.ne.s.

Pollutions et nuisances

L’État s’est engagé sur plusieurs accords internationaux concernant les réductions de la pollution de l’air et des gaz à effets de serre (GES). L’objectif national est de réduire les émissions de GES de 40% en 2030 par rapport aux émissions de 1990. Nous sommes actuellement très en retard sur cet objectif. Les oxydes d’azotes, principaux polluants atmosphériques et dont l’origine est pour 55% dus aux transports routiers, sont particulièrement visés. Ce projet va complètement à l’encontre des engagements de l’Etat en la matière.

Avec ce contournement, la pollution de l’air ne sera pas réduite. En 2028 les trafics cumulés du contournement et de l’axe actuel seront assez similaires à celui du trafic actuel. En déplaçant une partie du trafic et de ses nuisances à seulement 2,5km plus au sud, les habitant.e.s de Barriol et du Plan du Bourg se retrouveront coincés entre une autoroute et une 2*2 voies, et seront donc davantage soumis à la pollution.

Si les prévisions prévoient des améliorations à proximité immédiate vers le Vittier, Saint-Genest, d’autres secteurs seront plus exposés aux pollutions comme Raphèle, Balarin ou Saint-Martin-de-Crau, sans oublier les futurs riverains ruraux du contournement.

La traversée de la ville par 30000 véhicules par jour, malgré le contournement, ne permettra pas de réduire drastiquement les nuisances pour les Arlésien.ne.s. Au total, selon la DREAL, « seuls » 2800 personnes seraient moins exposées aux émissions de gaz polluants. Même si c’est mieux que rien, c’est un élément important pour relativiser l’impact de ce projet sur la pollution de l’air.

Paysages

De nombreuses entités paysagères seront traversées par cette autoroute : haute Camargue, bocages périurbains de Gimeaux, Grand Rhône, Petit Plan du Bourg, Grand Plan du Bourg, terres agricoles de la Draille marseillaise, Crau des marais et des étangs, et enfin Coussouls de Crau. Ce dernier étant un milieu unique et non compensable.

Pour rappel, parmi les sept variantes initiales du projet, la seule qualifiée de très bonne pour le cadre de vie était la solution sous-fluviale longue, laquelle répondait favorablement à toutes les fonctions et objectifs sauf le coût, ce qui lui a valu d’être balayée d’un revers de main. Les questions environnementales et de pollutions n’ont pas la chance d’être réglée à coup de « quoi qu’il en coûte ».

Période de travaux

Un autre impact très peu évoqué est la phase de chantier. Comment réaliser des travaux d’élargissement de la RN113 en maintenant la circulation ? Voies provisoires, surlargeurs temporaires, ouvrages de génie civil spécifiques… Il est à prévoir d’énormes difficultés de circulation se répercutant sur l’ensemble du réseau secondaire et urbain pendant de longs mois.

L’accès au chantier ou l’acheminement d’engins sera également très compliqué dans certains secteurs, comme par exemple au niveau du Petit Plan du Bourg où seule la RD35 existe. Les camions passeront-ils par la zone urbaine, devant plusieurs groupes scolaires ? Ou ce sera un énorme détour par Mas-Thibert, et qui en subira alors les conséquences ?

Les travaux qui s’annoncent seront particulièrement pénalisant pour le cadre de vie et la circulation de milliers d’Arlésien.ne.s et de Saint-Martinois.es au quotidien.

Biodiversité

L’impact de la création de 13 km d’autoroute aux portes de la Camargue et de la Crau fera d’énormes dégâts sur la biodiversité. Le tracé préférentiel passe à quelques centaines de mètres à peine du Parc Naturel Régional de Camargue. Impossible pour ce contournement de ne pas traverser des sites Natura 2000. Des terrains soumis à divers dispositifs (ZNIEFF, ZICO, Réserve de biosphère) qualifiant des secteurs de grand intérêt écologiques nationaux seront impactés. Ce contournement coupera de nombreux corridors écologiques, connexions indispensables pour la faune, reliant entre eux différents habitats vitaux pour les espèces.

Enfin quels impacts sur les laurons, ces puits naturels d’où jaillit l’eau de la nappe souterraine et qui en font des milieux quasi unique en Méditerranée ? De nombreux laurons recensés seront directement touchés par ce projet.

Les inventaires menés par la DREAL sont pour l’instant bien maigres. Aucune liste complète des espèces présentes n’est présentée. Les statuts réglementaires et de protection des espèces mentionnées dans le rapport ne sont pas non plus mis à disposition du grand public afin qu’il se fasse une opinion plus détaillé des impacts sur la faune et la flore.

Agriculture et ressources en eau

De nombreuses terres agricoles diversifiées vont être détruites par ce projet : riziculture, vigne, arboriculture, maraîchage, prairies, élevage extensif, dont près du quart en bio. Là aussi des labels accompagnent certaines cultures : IGP pour le riz et AOP pour le foin de Crau, seul aliment pour animaux à obtenir un tel label de qualité. Cette diversité de culture participe à la résilience alimentaire du territoire.

En Crau humide ces cultures sont notamment rendues possible par un vaste réseau hydraulique qui alimente parcelle par parcelle les différentes prairies. Compte tenu de la complexité des canaux et de la nécessité d’entretien des ouvrages ce projet va dégrader un système agricole fragile.
La nappe phréatique de Crau est intimement liée aux pratiques agricoles car alimentée à 70% par les canaux d’irrigation des prairies de Crau. 270 000 personnes sont alimentées en eau via cette nappe phréatique. Alors que l’eau est déjà un enjeu majeur sur le territoire, faire peser une menace supplémentaire sur cette nappe est un non sens.

Pour tout savoir

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